La legende de LORELEI
" La Loreleï -
Mon Coeur, pourquoi ces noirs présages?
Je suis triste à mourir.
Une histoire des anciens âges
Hante mon Souvenir.
Déjà l'air fraîchit, le soir tombe,
Sur le Rhin, flot grondant;
Seul, un haut rocher qui surplombe
Brille aux feux du couchant.
Là-haut, des nymphes la plus belle,
Assise, rêve encore;
Sa main, où la bague étincelle,
Peigne ses cheveux d'or.
Le peigne est magique. Elle chante,
Timbre étrange et vainqueur,
Tremblez fuyez! la voix touchante
Ensorcelle le coeur.
Dans sa barque, l'homme qui passe,
Pris d'un soudain transport,
Sans le voir, les yeux dans l´espace,
Vient sur l`écueil de mort.
L´ecueil brise, le gouffre enserre,
La nacelle est noyée,
Et voila le mal que peut faire
Loreley sur son rocher."
(Heinrich Heine 1823)
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C'est en ces termes, traduits en français par leur auteur lui-même, qu'Heinrich Heine (1797-1856) commence le fameux poème qui établit la légende de la Lorelei. C'est la plus célèbre des poésies inspirées par le Rhin, si connue que beaucoup d'Allemands - et de Français- la croient une chanson populaire.
La magicienne, qui sévirait au pied d'une falaise en amont de St Goarshausen, sur la rive droite du Rhin, jolie sirène aux longs cheveux d'or qui envoûte les bateliers avec sa douce mélodie et cause leur perte, existe pourtant de fraîche date: elle a été créée par Clemens Brentano dans "Godwi" (1800-1802).
Le poème d'Heinrich Heine, mis en musique en 1840 par F. Silcher, va cependant lui assurer une immense popularité et faire croire à une origine qui se perd dans la nuit des temps.
Ainsi, ce rocher légendaire de la Lorelei, qui domine le fleuve de ses 132m, est devenu le symbole du Rhin romantique, et occupe une place de choix dans la littérature allemande.
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La plus célèbre légende qui entoure les marins, est sans conteste, celle de la Lorelei. Lorelei était une belle sirène. Chaque matin, elle montait sur un énorme rocher et restait là, assise, à peigner ses longs cheveux blonds en entonnant un chant mélodieux. Comme Ulysse quelques millénaires plus tôt, les marins, fascinés par sa beauté, s’accoudaient au bastingage pour l’écouter. Bien entendu, ils ne prêtaient pas attention aux récifs abondants à cet endroit du fleuve. Et le bateau s’échouait lamentablement tandis que Lorelei continuait de pousser sa chansonnette.